Lettre ouverte suite aux événements survenus à Saint Brisson le 18 septembre
Article mis en ligne le 7 octobre 2013

Pourquoi cette lettre ouverte ?

Les dirigeants de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) de la Nièvre ont organisé le 18 septembre dernier à la Maison du Parc Naturel Régional du Morvan (PNRM) une manifestation qui a dégénéré. Les violences qui ont été commises ce jour-là [1] ne sont en aucun cas acceptables et notre association entend les dénoncer par la présente lettre ouverte.

Qui sommes-nous ?

Veille au grain - Bourgogne est une association qui a pour objet de sensibiliser aux risques liés à l’utilisation des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) et des pesticides et de promouvoir leurs alternatives, tant dans les zones agricoles que non agricoles. Les actions de sensibilisation menées par notre réseau associatif régional ont pour objectif d’informer les citoyens (élus, agriculteurs, grand public, etc.) afin qu’ils prennent des décisions en connaissance de cause.

Ce que nous déplorons

L’opération de protection des cours d’eau, déjà partiellement réalisée par des volontaires, concernait une dizaine de kilomètres seulement, soit 0,3 % de la longueur totale des cours d’eau du département, et ce de manière contractuelle et donc volontaire (il s’agit bien du "Contrat Territorial Sud Morvan") : « si malgré la reconnaissance d’intérêt général des actions, le propriétaire refuse les interventions et travaux nécessaires, ni le PNRM ni la Fédération de Pêche de Saône et Loire n’engageront de mise en demeure et ne pourvoiront d’office aux travaux. L’ensemble de la démarche de Contrat Territorial est basée sur le principe du volontariat des riverains et propriétaires. » [2]

De nombreux acteurs institutionnels reconnaissent que les travaux en jeux ne nécessitaient pas obligatoirement une Déclaration d’Intérêt Général (DIG). Cependant, rien ne justifiait une telle surenchère de la part de ces quelques meneurs qui tentent de semer la panique à tous vents en faisant croire que ce qui est aujourd’hui volontaire deviendra demain obligatoire et qu’il faut donc prévenir un tel fléau !
Nous pouvons comprendre les nombreuses difficultés, contraintes et peurs des agriculteurs (nous en avons parmi nos adhérents) mais le dialogue doit se faire avec des mots, pas des insultes et non à coup de tas de fumier ou en labourant les pelouses.

Les événements du 18 septembre sont révélateurs d’un refus par quelques uns du dialogue que la structure de Syndicat mixte a porté et doit continuer à porter. De nombreuses réactions vont dans ce sens [3]. Par exemple, Le Maire d’Anost, Jean-Claude NOUALLET, a écrit très justement : « Ce mode de communication violent n’est pas admissible et a pour effet, malheureusement, d’éloigner davantage ceux qui les commettent du reste des citoyens. » Il en appelle à la modération qui doit accompagner le nécessaire débat à suivre après ces événements. « Amalgames et désinformation, volontaires ou non, sont en effet autant de prétextes pour engendrer les débordements. [...] Le Parc n’a pas de pouvoir réglementaire et ne fait pas les lois. Il est injuste de lui jeter l’opprobre et qu’il soit le bouc émissaire idéal. Il est de notre responsabilité de conforter l’action du Parc à l’écoute des grands enjeux de la société de demain avec tous ses habitants. » [4]

La suite ?

Le Président du Parc du Morvan, Patrice JOLY, a condamné les actes de vandalisme et pris la mesure du « choc émotionnel » ressenti par son personnel, il a décidé de porter plainte contre X « pour dégradations d’une propriété publique » et nous le soutenons dans cette démarche. Ces actes doivent être condamnés à leur juste valeur et leurs initiateurs reconnus responsables

Mais il a également déclaré que « cet évènement doit tous nous interpeller et nous obliger à repenser, avec les Chambres d’agriculture et les organisations syndicales agricoles, les modalités de concertation et de communication avec les agriculteurs de notre territoire. » [5]

En effet , l’avenir du travail du Parc en direction des éleveurs confrontés à une baisse de revenus dans un contexte de mondialisation du prix de la viande et à un changement des pratiques d’exploitation visant à concilier agriculture et environnement ne pourra évidemment se décider qu’avec eux et dans la concertation la plus ouverte possible, sans violence et dans le respect le plus total des opinions d’autrui, tant celle des élus que celle des salariés.

Le Président de Veille au grain, Pascal FERTE, le 5 octobre 2013

[1] gensdumorvan.fr

[2] note préambule à l’enquête publique interdépartementale diligentée par l’Etat à la demande de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne

[3] Réactions
- des Amis de la Terre,
- du Parti Socialiste de la Nièvre,
- des Elus bourguignons d’Europe Ecologie Les Verts

[4] gensdumorvan.fr

[5] gensdumorvan.fr